Mis sous les feux de l’actualité ces derniers mois (projet de réforme APE, nouveau code des asbl…), le secteur associatif souffre parfois d’une image tronquée auprès de nos décideurs politiques.
Suspicion d’abus généralisé, d’argent public mal utilisé, contrôles et contraintes administratives de plus en plus pesantes, épée de Damoclès sur les aides à l’emploi, « bons de commandes » pas forcément pertinents, …
A cela s’ajoute le glissement des modes de subventions structurelles vers des systèmes de financement par appels à projets limités dans le temps.
Cette mise sous tension constante fragilise le mouvement associatif dans sa capacité à se projeter dans l’avenir et à développer une action en cohérence avec son identité, son territoire et son histoire.
Une raison d’être menacée : la fin de la complémentarité entre les politiques publiques et les associations ?
Historiquement, il est bon de rappeler que le secteur associatif s’est constitué en Belgique sur le constat que les politiques publiques ne pouvaient prendre en charge l’ensemble des besoins de la population et laissaient de nombreuses personnes sur le côté.
Le travail en complémentarité avec les asbl permettait d’apporter des réponses adaptées à un territoire et ses populations. Un territoire et des populations vis-à-vis desquels les associations de terrain, bénéficient d’une réelle expertise, de par leur histoire de création et leur ancrage local ou régional.
Depuis la loi de 1921 sur les asbl, et même auparavant, la souplesse, l’engagement, la créativité laissés aux associations ont permis des avancées extraordinaires en termes d’accès aux droits fondamentaux, de participation citoyenne et de bien-être collectif pour l’ensemble de la population en général et particulièrement pour les plus exclus d’entre elle.
L’histoire associative permet d’affirmer que l’autonomie dont elle a bénéficié jusqu’à présent (en termes de contenus d’actions, de méthodologies, de publics-cible, d’enjeux sociétaux) lui a permis de tester, de s’ajuster et d’innover en apportant des solutions nouvelles à des besoins émergents. Il est incontestable que ceci a constitué et constitue toujours une réelle plus-value pour des pouvoirs publics soucieux d’un développement sociétal juste et solidaire.
De la sous-traitance à la maltraitance ?
Aujourd’hui, une pression de plus en plus forte émane de certaines politiques publiques. Les cadres se resserrent, les règles se durcissent, un climat de suspicion réciproque est dans l’air.
Incontestablement, ceci a pour effet de limiter l’action de terrain, au détriment non seulement des professionnels du secteur mais aussi et surtout de la population qui mérite des services de qualité, accessibles financièrement et adaptés à sa propre réalité.
Serions-nous face à deux visions du monde qui s’opposent ?
D’une part, celle de certaines politiques publiques actuelles (qu’elles soient culturelles, sociales, de la santé) dans un contexte politique de « tout à l’emploi », de plus en plus envisagées en termes de rentabilité et d’immédiateté.
D’autre part, celle d’un secteur associatif convaincu qu’une société en bonne santé mise sur l’émancipation individuelle, la participation citoyenne et le respect du rythme, des choix et des réalités de chacun(e).
La première vision se développant au détriment de la deuxième, de sa raison d’existence. De son ADN.
Il est également nécessaire de noter que le secteur associatif s’est professionnalisé. Il est l’un des plus grands pourvoyeurs d’emplois en Région Wallonne et en Fédération Wallonie-Bruxelles, sans compter les milliers de bénévoles qui s’investissent, s’engagent et agissent pour le bien de toutes et tous.
Redonner de la fierté au secteur. Participer, oui. Exécuter, non.
Une démarche d’éducation permanente.
Ces dernières années, l’obligation de prouver le déroulement de son action mais aussi l’utilité de son travail prend de plus en plus de place dans le quotidien associatif. Le temps consacré à démontrer la légitimité du secteur dans sa participation à l’équilibre social devient récurrent.
En outre, et cela est préoccupant, nous percevons un réel risque de contamination du monde associatif, se trouvant déjà malmené. En effet, quelle place et quel temps peuvent encore être laissés à la défense de sa propre identité quand la survie financière est en jeu ?
Aujourd’hui, l’associatif a besoin de renforcer sa légitimité, ses pratiques et son engagement. Il est nécessaire de pouvoir se rassembler afin de se mobiliser mutuellement et continuer à développer des projets de sens.
Au-delà du vivre ensemble, c’est aussi le rôle d’incubateur de projets et de lien à la citoyenneté des asbl, travaillé au quotidien, qui risque d’être fragilisé à court terme et d’impacter durement notre société démocratique.
A travers cette campagne, le Miroir Vagabond souhaite à la fois attirer l’attention des politiques sur la plus-value sociétale de l’autonomie associative mais aussi conforter les professionnels et bénévoles dans l’extrême nécessité de leurs actions pour le bien commun.
S’appuyer sur les forces en présence et leur complémentarité. Retrouver la confiance.
Miser sur un projet de société qui laisse une place à tout le monde.
Pour télécharger la lettre de renon : http://miroirvagabond.be/wp-content/uploads/2019/07/lettre-de-renon.pdf
Pour télécharger les conclusions de notre colloque du 23 Octobre à Namur, une « carte d’identité » du secteur associatif » :
Pour télécharger la signature électronique « Je suis et je reste une association libre et autonome », à apposer dans vos mails pour soutenir notre action :
Campagne de sensibilisation 2019 du Miroir Vagabond avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles
Infos et contact
Patrice Lombard : 084/31.19.46, 0470/81.48.47
E-mail : p.lombard@miroirvagabond.be